J'inaugure ce blog pour avant tout faire connaître ce tout nouveau symbole que j'ai créé et que je prétends être tout aussi important que le yin-yang, sinon plus, ce dernier n'étant que le précurseur de ce qui est un grand symbole de l'humanité.
Naturellement je conçois ce que ma revendication pourrait avoir d'excessif, mais je met au défi quiconque de me prouver que ce symbole existe déjà bel et bien de part le monde et ce de manière très ancienne.
Plus loin je démontrerais pourquoi il ne peut se faire autrement que ledit symbole eût dû préexister et ce à cause de sa signification primordiale qui est rien moins que l'unité de l'Être.
C'est le drapeau de la honte que tu salues, mon manuscrit
Ceci est la couverture de mon manuscrit intitulé : " C'est le drapeau de la honte que tu salues " où j'explique le nouveau symbole et tente de convaincre que celui-ci ne préexistait pas avant ma découverte.
Le récit commence par une nouvelle uchronique qui se passe dans l'Irlande contemporaine au moment de l'indépendance. Un dictateur fasciste prend la tête de la toute jeune république, obtient l'indépendance totale de l'île et réussit la renaissance linguistique du pays : le gaélique remplace l'anglais et l'Irlande retrouve sa fierté nationale. Le dictateur s'allie avec l'Allemagne nazie et c'est grâce à lui que Hitler réussit à envahir la Grande-Bretagne qui subit une défaite cuisante à l'instar de la France. Le nouveau symbole devient l'emblème de ce régime qui n'a rien à envier dans son ignominie à son puissant allié. Cependant au tournant de la guerre, à la bataille de Stalingrad, un renversement d'alliance s'opère et l'Irlande se range aux côtés des alliés pour vaincre Hitler et le régime fasciste de l'Irlande, grâce à ça, se fait pardonner et réussit même à entrer à l'ONU. Ce faisant le nouveau symbole est lui aussi réhabilité et cesse de devenir un symbole maudit à l'instar de la croix gammée nazie.
La deuxième partie de mon ouvrage est consacré à l'explication du symbole et pourquoi celui-ci vient compléter la signification du yin-yang qui est l'unité de l'Être malgré la dualité.
Le reste du livre se poursuit par ce qui pourrait passer pour un roman policier suivi d'un récit d'anticipation où je fait émerger une toute nouvelle humanité qui évolue sur une nouvelle terre qui se nomme la Nouvelle Celtie.
Ces trois druidesses sont si semblables aux sorcières de Macbeth (le mot gaélique bandraoi veut aussi bien dire druidesse que sorcière) elles sont là pour prédire à ce cavalier inconnu qu'il sera roi. Sur chacune de leur couronne est représenté un des trois différents emblèmes celtiques : la croix celtique, le quadriskel et le triskel ; s'en rajoute un quatrième figuré sur cet étendard que la druidesse la plus à droite s'apprête à remettre à l'élu. Ce nouvel emblème est celui de la Nouvelle Celtie...
Ce bijoux a à voir avec une des histoires de mon roman : il s'agit d'un phalère trouvé dans la tombe d'un souverain légendaire ; Conaire Môr qui fut l'Ard Rî, le haut-roi, d'Irlande. L'illustration suivante montre comment ce personnage est devenu roi :
Le Festin du Taureau
Un homme endormi sur un lit, près de lui gisent les reliefs d'un repas gargantuesque : il a dû ingurgiter un taureau entier et boire le bouillon dans lequel il a cuit. À son réveil il racontera son rêve : un jeune homme nu chassant des oiseaux à l'aide d'une fronde. Aussitôt on se mettra en quête de l'inconnu pour le revêtir des habits royaux : ceux du Haut Roi d'Irlande. C'est par ce rituel étrange que l'on désignait les rois dans l'ancienne Irlande mythologique. Le futur Conaire Môr lors de sa chasse a fait une mystérieuse rencontre : des hommes descendus d'engins volants se sont approchés de lui en lui disant de ne pas les pourchasser car ils sont de sa race, ils lui ont prédit son avenir et lui ont donné un certain nombre de geasa (interdits) qu'il ne faudra pas transgresser sous peine de malheur.
Ce phalère légendaire se retrouve dans la vitrine du Musée National de Dublin où il ne suscite qu'indifférence jusqu'au jour où le futur dictateur de l'Irlande le remarque et décèle là un immense symbole de l'humanité ; il le transformera pour en faire l'emblème de son parti d'extrême-droite, le Fine Gael, c'est celui que l'on verra sur tout les drapeaux d'Êire.
Le mythe du jeune homme de basse extraction devenu roi se retrouve dans maintes légendes celtiques : ainsi l'histoire du jeune Arthur dont voici une illustration :
L'histoire de la Nouvelle Celtie sera confrontée à maintes péripéties dont une invasion de modernes barbares venus instaurer un régime colonial qui sera sur le point de faire disparaître la patrie des Néo-Celtes mais qui sauront tirer une revanche inespérée sur les envahisseurs qui seront exterminés jusqu'au dernier.
S'il préexistait on le verrait partout
Si mon symbole existait déjà il y a belle lurette qu'il aurait été récupéré par un parti d'extrême-droite ou une secte maudite et on peut même avancer que si Hitler l'avait connu il en aurait fait l'emblème du parti national-socialiste car la combinaison de ces deux grands symboles aurait décuplé la force de la croix gammée. Or rien de tel.
Une anecdote : un de mes amis, plutôt intellectuel de gauche, a admis sans difficulté l'unicité et l'importance de ma découverte allant jusqu'à déclarer : " Tu ne te rends sans doute pas compte des implications de ta création : celui qui a inventé la roue ne pouvait s'imaginer à quel point son invention allait bouleverser le monde ", or quand il a vu les photos de mes tableaux où était abondamment représenté le symbole il s'est offusqué, scandalisé justement de ces représentations les jugeant malsaines et rappelant que trop le Troisième Reich.
Pourquoi un tel revirement?
Sans doute la force de ce symbole inscrit dans des contextes variés l'aura révulsé et je me demande même s'il ne me soupçonne pas d'être entré à son insu dans quelque organisation d'extrême-droite.
Alors que mon symbole n'était que sous sa forme curvilinéaire comme ci-dessous :
il était déjà entre nous un sujet de fâcherie tant mon obstination suscitait son incompréhension : " ce n'est qu'un dessin tout au plus un logo ; il n'y pas de quoi en faire une affaire d'état " disait-il...
La signification primordiale du nouveau symbole

Ceci est une autre représentation du symbole : le yin-yang n'est plus représenté de façon flagrante ce qui prouve bien qu'il s'agit de bien autre chose qu'une simple combinaison de deux symboles mais l'émergence d'un symbole sui generis. Le dégradé de couleurs indique que l'espace 2D est un continuum car dans un dégradé il y a un passage subtil d'un domaine à un autre sans qu'il y ait de frontières marquées et tout finit par former une unité. Cependant le swastika reste aisément reconnaissable : la croix gammée ordinaire, par exemple noire sur fond blanc, enserre un espace 2D limité ; la surface noire de la figure, alors que le nouveau symbole n'enserre aucun espace et n'a pas de contour, le mot contour étant utilisé là dans le sens où il s'agirait d'une ligne délimitant un espace 2D. On pourrait dire ainsi que si aucun espace n'est enserré il n'y a plus de matière étant donné qu'il n'y a plus d'espace. S'il en est ainsi et si on reconnait malgré tout le swastika on pourrait dire qu'il ne subsiste plus que l'idée du swastika, au sens platonicien du terme.
Ainsi s'il ne subsiste que l'idée : on peut parler alors de l'Unité de l'Être car les idées proviennent d'une source unique celle de l'Esprit.
L'épée de Damoclès
Pourquoi l'épée de Damoclès?
Celle sans doute qui se trouve au dessus de la tête de chaque collectionneur d'art contemporain : ces prétendues oeuvres d'art pour lesquelles ils ont déboursé des millions ne valent virtuellement rien et quand le marché de l'art contemporain finira par s'effondrer, car il ne peut en être autrement, ils réaliseront leur erreur mais il sera trop tard. Le principe de réalité finira par l'emporter car les errements n'ont qu'un temps et ça n'a que trop duré ; déjà le public considère le pseudo art contemporain avec indifférence et déserte les musées consacrés exclusivement à celui-ci...
Seulement dans les média aucun journaliste ne remet en question ces aberrations même si dans le privé l'art contemporain ne suscite que moqueries et même si les soi-disant artistes qui officient dans cet art sont abreuvés de quolibets et sujet au mépris.
Pourquoi ?
Quelles pression s'exerce sur le monde des arts et des lettres pour maintenir ce statu quo scandaleux et qui sortira un jour de la foule pour dire que le roi est nu ?
N'est-ce pas les enjeux financiers qui sont la cause de cette omerta?
Ces collectionneurs imbéciles ont trop à perdre...
S'il en est ainsi dans ce domaine éminemment futile pourquoi n'en serait-il pas de même dans d'autres domaines infiniment plus importants ?
Par exemple en ce qui concerne le monde de l'esprit, son implication sur la matière ainsi que sur les perceptions extrasensorielles, toutes choses dont l'existence a été prouvée par la science mais que l'on s'obstine à placer sous silence.
De plus qui se préoccupe de la vie après la mort ?
Circulez il n'y a rien à voir.
Que se passerait-il si toutes ces questions venaient au grand jour ?
Le monde capitaliste dans sa forme libérale s'effondrerait et tout les ploutocrates seraient ruinés et perdraient leur pouvoir. Inadmissible. C'est pourquoi ces derniers font tout pour maintenir les mensonges et la désinformation sur le monde spirituel. Les fanatiques décapiteurs de professeurs ont de beaux jours ; ils sont là pour discréditer les religions et ne font qu'enfoncer de plus en plus des pans entiers d'une population ignorante dans l'obscurantisme et la superstition et ce au détriment de la vie de l'esprit.
Le pire et le seul blasphème qui soit : appeler au meurtre au nom de Dieu.
Alors que Dieu n'est qu'amour ; dans ce cas pourquoi voudrait-il la mort même de la plus infime de ses créatures ?
Que fera-t-on à ces blasphèmateurs authentiques ?
Rien ; on peut toujours espérer qu'ils passeront toute l'éternité en enfer mais même ça ce n'est pas sûr. Dieu a tant d'amour qu'il ne le permettra pas...
Alors que faire ?
Faire comme Dieu : répondre à la haine par de l'amour, les méchants, notamment les fanatiques massacreurs d'innocents, finiront par avoir tellement honte quand il devront comparaître devant la divinité après leur mort qu'ils n'auront qu'une envie : disparaître dans le néant. Ce sera leur seul châtiment.
Lettre à mes futurs détracteurs
À vous les bien pensants de gauche, les hypocrites de tout poil qui ne manqueront pas d'assimiler ma création à l'emblème nazi, je vous dis ceci : mon symbole n'est pas l'emblème du parti national socialiste de Hitler et ce pour toutes les raisons sus énoncées ; ce n'est pas parce qu'il est si semblable au swastika et en dérive que c'est le même symbole. Il faut le prendre comme il est ; un point c'est tout. Je ne veux surtout pas me justifier, chercher à m'excuser ; je n'ai que faire des imbéciles car on finira bien par leur donner tort. Je sais que l'on cherchera à me nuire, à me diffamer, à me censurer et à me précipiter aux oubliettes comme bien d'autres avant moi mais les pseudo humanistes de gauche finiront par lasser l'opinion publique et on finira par se débarrasser du politiquement correcte : les événements de ces derniers jours sont en train d'accélérer le mouvement. Ô antiracisme et antifascisme que de crimes on commet en ton nom !
Le paragraphe précédent montre à quel point je ne prône que l'amour et la non-violence : on est bien loin de l'idéologie nazie ! Les militants d'extrême gauche peuvent-ils en dire de même eux qui théorisent sur la violence nécessaire ? Ne se rendent-ils pas compte qu'ils mènent le même combat que les nazis ? Tu ne me plais pas, alors disparais de la surface de la terre, bien sûr il pourront toujours dire que c'est au nom des exploités et des opprimés mais il leurs arrive de prendre le pouvoir et d'avoir la charge de gouverner un pays et l'on voit alors toute leur duplicité se révéler car c'est à leur tour d'opprimer et d'exploiter le peuple ! L'exemple des anciens pays communistes est à ce point révélateur.
L'importance du contexte
Ces imbéciles d'intellectuels de gauche iront-ils jusqu'à affirmer que celui qui a peint une croix gammée sur une poterie néolithique était un authentique nazi ? De même que les hindous qui portent en guise de talisman le swastika seront-ils traités de cette manière ? Et qu'en est-il des Tibétains chez qui ce même symbole est vénéré depuis des millénaires ? Et des Japonais, des Mongoles ect... ? A-t-on versé à ce point dans la sottise dans le monde intellectuel occidental que l'on oublie l'importance du contexte dans la signification d'un symbole ? Bien sûr il s'agit là de contextes historique et culturel et mon symbole ne peut prétendre à ce genre de considérations puisque tout récemment créé mais il existe un autre contexte tout aussi important sinon plus : le contexte intellectuel et philosophique. J'ai abondamment exposé plus haut la signification philosophique de mon symbole ; bien sûr je me rends bien compte que pour les imbéciles ce contexte ne sera pas pris en compte et que l'on continuera de me traiter de nazi. Je n'en n'ai cure car je sais bien que le monde n'est pas uniquement peuplé de sots et que de grands esprits sauront reconnaître et accepter ce contexte et admettre la validité de ma découverte.
Triskel, quadriskel
La première forme de mon symbole figurée ci-dessous dans cet élément de rinceau :
est avant tout l'alliance de deux triskels comme représenté ci-après :
On pourrait dire qu'il forme un quadriskel : cette figure existe déjà dans l'art celtique notamment sur une pièce archéologique gauloise. Pour aboutir à mon symbole il y fallu que se mette en place une véritable métamorphose ; une ontogénèse :
Une forme bien particulière du quadriskel
Japon
La figure suivante représente une pièce de l'héraldique japonaise que l'héraldiste lyonnais Laurent Granier m'a aimablement communiqué :
On remarquera que les japonais étaient à deux doigts d'inventer mon symbole :
Pourquoi ne l'on-t-il pas fait ? Souvent les choses les plus simples, les plus élémentaires passent inaperçues : c'est le principe de l'oeuf de Christophe Colomb ; c'est simple mais il fallait y penser.
Voilà quel pourrait être le nouveau drapeau du Japon :
Le hevoud
C'est le nom que l'on donne en Bretagne au quadriskel, j'ignore si c'est un nom breton : après vérification sur mon dictionnaire breton/français de Roparz Hemon je trouve, ô surprise ! la définition bien-être mais aussi croix gammée. N'est-ce pas étrange que l'on assimile la croix gammée au bien-être ?
Il semblerait aussi que les Bretons confondent sous une même dénomination et le quadriskel et la croix gammée. Quoi de plus logique car la croix gammée, le swastika, n'est jamais que la forme anguleuse du quadriskel.
On pourra retenir une chose de cette exploration lexicale : avant la récupération par Hitler de ce symbole la croix gammée était considérée comme un porte-bonheur par tout les peuples de la terre et que c'est toujours le cas en Inde, au Tibet, au Japon où il décore les murs des temples. Malgré ça la croix gammée reste un symbole maudit.
Il est à noter que le mot "swastika" signifie bien être en sanscrit.
Le symbole perdu retrouvé
Il se trouve que dans ma grande naïveté j'ai écrit à Dan Brown l'auteur de Da Vinci Code et aussi, ce qui nous concerne au premier chef, de Le Symbole Perdu pour lui communiquer mon symbole, il ne m'a évidemment pas répondu... Il aurait pourtant trouvé là le sujet d'un nouveau roman qui aurait pu s'intituler Le symbole Perdu Retrouvé avec le succès que l'on peut imaginer mais il semblerait que ce ne soit pas le cas pour une raison que j'ignore...
Vais-je raconter cette histoire à sa place ?
Si c'est le cas voilà quel en pourrait être le titre :
Le pouvoir de l'esprit
Dan Brown dans son roman Da Vinci Code se réfère à Léonard de Vinci pour, d'après ce que j'ai entendu dire, bâtir son intrigue (du moins à ce qui me semble ; je n'ai pas lu le chef d'oeuvre immortel de cet écrivain majeur) alors pourquoi ne pas ourdir mon histoire en référence à un artiste qui a vécu dans un lointain passé, bien plus lointain que celui où vécut Léonard de Vinci : au Troisième Âge du Fer dans l'ancienne Gaule celtique. Nous ne connaitrons jamais le nom de cet artiste mais du moins pouvons-nous admirer encore de nos jour une de ses plus belles réalisations : un décor ciselé dans le bronze ornant une certaine pièce archéologique dont la référence nous manque pour l'instant (je n'exclue pas de faire des recherches pour l'obtenir) en attendant nous disposons d'un dessin de ce décor, le voilà :
Une frise où figure une succession de triskels imbriqués les uns aux autres.
De triskels où de quadriskels ?
Comment savoir ?
Voici un élément isolé de ce décor :
Ceci apparaît comme un quadriskel composé de deux triskels. Une esse coupe le quadriskel en deux parties figurant chacune un triskel.
Un chercheur, un archéologue historien des arts, en étudiant ce motif est un jour saisi d'une intuition fulgurante. Jean Latour, car c'est son nom, se demande si ce dessin ne cache pas un mystère insondable auquel personne jusqu'à présent n'avait fait attention : que signifie cette coupure, cette césure séparant deux triskels ?
N'aurait elle pas une signification magico-religieuse ?
Le chercheur épuise tout les recours à la science et finit par se retrouver dans une impasse. Que va-t-il faire pour en sortir ?
La providence veille et met sur son chemin une druidesse. Oh, bien sûr n'allons pas imaginer là une adepte du néo-druidisme qui passerait ses week-ends, en compagnie d'illuminés de sa sorte, vêtue de la blanche saie des adorateurs de Bélisama, Toutatis et autres Cernunnos dans une clairière d'une forêt sacrée. Non, la femme en question ne sait même pas qu'elle est druidesse, elle se nomme Blanche Duruissau. Elle a 34 ans et est informaticienne. Mais elle est celtisante et c'est au cours d'un chantier d'été de fouille archéologique, auquel elle participe, qu'elle fait la connaissances de Jean qui dirige les travaux. Très vite ils sympathisent et lors d'une intéressante conversation Jean apprends que cette toute jeune femme a d'immenses connaissances des langues celtiques et notamment du celtique ancien. Sur le ton de la galéjade elle lui avoue : " Tu sais que je me suis amusé à traduire mon nom et mon prénom en celtique ancien et ça donne : Dubrouinda ; de uinda qui veut dire blanche et dubro qui veut dire cours d'eau, ruisseau ; Dubrouinda veut dire la blanche du ruisseau, amusant, non ?
_ Comment peut-on gaspiller son temps à des choses aussi futiles ?
_ Ah, je te remercie ! Et toi tu trouves pas que tes dix ans de recherche sur ton quadriskel/triskel ils n'ont servi à rien, plus futile que ça y'a pas ; c'est l'hôpital qui se fout de la charité ma parole ! " La discussion semble tourner au vinaigre heureusement un autre jeune fouilleur, Maurice Walter, intervient : " Holà, tout doux les amoureux !
_ Qu'est-ce que tu racontes, Maurice, moi amoureux de ce vieux schnock, tu n'y es pas du tout, ça me ferait mal !
_ Ouh ! Si ça continue comme çà je vais te chasser de mon chantier ! " Ce coquin de Maurice rigole : toute l'équipe est au courant de ces fréquentes querelles et il sait, fin psychologue qu'il est, qu'elle cache une profonde attirance mutuellement réprimée. Maurice continue à les taquiner : " Je suis sûr, que vous deux, vous avez dû vous connaître dans une vie antérieure...
_ C'est de la foutaise, réplique Jean indécrottable rationaliste comme tout bon scientifique se doit de l'être.
_ Eh bien moi, j'y crois déclare Blanche, et je suis même en train d'écrire un roman qui pourrait bien être les réminiscences d'une vie antérieure, ça vous la coupe, hein !
_ Ah ouai, et comment s'intitule ce futur chef d'oeuvre de la littérature mondiale ? demande, goguenard, Jean.
_ Scetla Dubrouindas.
_ Quoi !?
_ Les mémoires de Dubrouinda, c'est du celtique ancien ; je me suis inspiré, pour le titre, d'un roman écrit en breton entre les deux guerres et qui s'appelle : Scetla Segobrani, les mémoires de Segobranos. Segobrani étant le génitif de Segobranos de même que Dubrouindas est le génitif de Dubrouinda. Segobranos veut dire corbeau de la victoire.
_ Bon, ça y'est, Madame la professeur a fini de donner son cours ? Et est-ce qu'on peut lire les bonnes feuilles de ton manuscrit ? Ce soir, ça me permettra de m'endormir. "
Blanche exaspérée et furieuse tourne les talons et vaque à d'autres occupations mais plus tard, justement après le repas du soir elle se dirige vers Jean avec à la main une liasse de papier et elle le lui remet sans dire mot ; le chercheur comprend qu'il s'agit du fameux manuscrit.
Jean finit par trouver un moment de libre pour le lire ; contre toute attente il est envoûté par l'histoire de cette bergère nommée Dubrouinda. Il devine que ce personnage ne peut être que l'avatar de Blanche. Dans ce récit qui se passe dans l'ancienne Irlande protohistorique il y est aussi question d'un prêtre du paganisme qui semble être le prototype du druide, son nom : Loraquennus. Loraquennus rencontre cette bergère qui possède la science d'un docteur malgré son absence totale d'instruction, il est impressionné plus qu'il ne le devrait selon la logique des conventions sociales de l'époque ; il devient jaloux de l'humble bergère et cette jalousie est teintée d'un sentiment amoureux que le prêtre réprime avec rage. L'histoire de Dubrouinda se termine très mal : Loraquennus s'arrange pour la faire condamner pour un crime qu'elle n'a pas commis et elle finit étranglée sur la place du marché du modeste village où l'un et l'autre résident. Jean est extrêmement troublé par ces écrits et finit par comprendre que ce malaise provient du fait que tout au long de cette histoire il s'est profondément identifié à Loraquennus...
Et si c'était vrai cette histoire de réincarnation, se demande-t-il, et si il était la réincarnation de ce personnage pourtant de fiction : Loraquennus ? Loraquennus et Dubrouinda auraient-ils, l'un et l'autre, réellement existés ?
Il y aurait là un passionnant sujet de recherche, se dit-il.
Blanche finit par lui demander : " Alors, qu'est-ce que tu penses de mon manuscrit ?
_ Tu crois vraiment à la réincarnation ?
_ Pour moi c'est une évidence.
_ Admettons l'hypothèse de la réincarnation ; mais il faut le prouver, as-tu des arguments pour le faire et ce d'une manière scientifique ?
_ Oui.
_ Dans ce cas quels sont-ils ? " Blanche semble hésiter ; elle est sur le point de faire une révélation lourde de conséquence : elle sait que Jean pourrait tout rejeter en bloc en la traitant de folle. Elle finit par se jeter à l'eau : " Il s'agit d'un appareil...
_ Oui ?
_ Qu'un certain Ernetti a inventé : le chronoviseur. Cet appareil permet de voir des images et des événements du passé.. "
Jean en a le souffle coupé et un pesant silence s'instaure entre eux. Blanche se demande si ses craintes concernant la réaction du scientifique ne sont pas sur le point de s'avérer mais contre toute attente celui-ci ne manifeste pas le moindre mouvement d'incrédulité et de colère ; il reprend calmement : " Mais en quoi consiste cet appareil et sur quel principe se base son fonctionnement ? " Rassuré et soulagé par l'ouverture d'esprit inespérée de son interlocuteur Blanche se lance dans un long exposé sur cette invention révolutionnaire. Jean demande : " Mais tu l'as vu cet appareil ?
_ Oui, et je m'en suis même servi sous la direction d'un expérimentateur et c'est comme ça que j'ai pu revivre cette vie antérieure que je raconte dans mon livre. " Jean considère sa jeune fouilleuse avec étonnement mais il finit par être convaincu que ses propos sont tout à fait sensés et il ose cette demande : "Et crois-tu que je pourrais faire ce genre d'expérience ?
_ Certainement, il suffira de trouver le moment favorable où tu seras le plus libre dans ton emploi du temps... "
Et ce qui est dit est fait et Jean Latour rencontre le disciple du Père Ernetti qui détient un exemplaire du fameux chronoviseur. Il s'agit de Pierre Merlin un chercheur scientifique hors norme marginalisé par ses paires ; une sorte de Professeur Tournesol dont il partage même certains traits physiques : même calvitie avec touffe de cheveux en couronne, même petite lunettes rondes et même barbichette. Jean est reçu par ce dernier dans un laboratoire encombré par un invraisemblable bric-à-brac d'appareils et d'engins scientifiques. Jean donne sans ambages la raison de sa visite : " Professeur Merlin je viens de la part de mon amie Blanche Duruissau et j'aimerais comme elle expérimenter le chronoviseur.
_ Fort bien, dans quel but ?
_ Je voudrais revivre une vie antérieure à l'endroit et à l'époque où Blanche aurait vécu sous le nom de Dubrouinda.
_ Très bien, je crois que c'est faisable. "
Le Professeur Merlin installe Jean devant un écran et après quelques manipulations sur son chronoviseur le film de cette époque très ancienne qui se déroule dans l'ancienne Irlande peut commencer.
Cela commence par la première rencontre de Dubrouinda et de Loraquennus : les prêtre d'un collège voisin d'un village sont priés d'intervenir lors d'une fête nocturne qui se passe dans une vaste hutte commune, une salle des fêtes de l'époque, pour interrompre une bagarre générale et remettre de l'ordre. quand le calme est revenu le supérieur du collège sacerdotale s'enquiert de la cause de ce désordre : la femme du chef du village accuse une pauvre bergère qui s'appelle Dubrouinda d'avoir des vues sur son mari. C'est une crise de jalousie qui a déclenché l'algarade. L'histoire se déroule comme un film et les dialogues se font dans la langue de l'époque mais Jean, étonnamment, comprend chaque mot. La harpie belliqueuse finit par accuser cette bergère qui semble reléguée au dernier rang de cette société paysanne d'être une sorcière impie. Un jeune et beau prêtre qui fait parti du collège demande alors : " Pourquoi impie ? " il s'agit de Loraquennus. La première dame du village précise ses accusations en soutenant, notamment, que la prétendue sorcière adore exclusivement un dieu unique. Sommée de se défendre Dubrouinda se lance dans un long exposé sur un enseignement ésotérique qui lui a été transmis de façon mystérieuse. Loraquennus est subjugué et comprends que cette humble bergère a la science d'un docteur. D'autres images défilent : le prêtre venu cueillir des simples dans une prairie et rencontrant comme par hasard la bergère suivie de son troupeau ; l'occasion de poursuivre d'autres passionnantes discussions qui font le régal de Loraquennus. Ces rencontres se font de plus en plus fréquente et les deux protagoniste tombent amoureux l'un de l'autre mais aucun ne veut se l'avouer à lui-même. Jean finit par saisir que Dubrouinda est la druidesse primordiale et que Loraquennus est devenu son premier disciple car il a fini par amplement assimiler ses enseignements même si il les a totalement rejeté en bloc en premier lieu : ce n'est que bien plus tard après la mort de Dubrouinda qu'il finira par les accepter comme une évidence. Jean comprend que le sentiment de culpabilité dû à l'accusation injuste dont a été victime la bergère conduira celui-ci à une lente maturation psychique et spirituelle qui aboutira à ce résultat. C'est lui qui fondera le druidisme qui perdurera jusqu'au christianisme.
Le film s'interrompt à la mort de Loraquennus et l'expérience se termine. Jean très impressionné fait part au Pr. Merlin de sa stupéfaction et demande: " Mais cette histoire est-elle vraiment réelle?
_ On pourra toujours dire qu'il s'agit d'une expérience subjective et avoir des doutes sur sa réalité objective ; seuls des éléments objectifs tels qu'événements historiques attestés et trouvailles archéologiques permettront de fonder l'objectivité des données recueillies par le chronoviseur. Or c'est bien le cas : des centaines d'expériences de cette sorte ont déjà eu de part le monde, avec éléments objectifs, et je peux affirmer en toute confiance: oui, le chronoviseur permet bien d'explorer le passé réel. " Jean est sur le point d'être convaincu par les arguments du scientifique mais un soupçon de doute subsiste et il déclare : " Professeur, moi-même j'y croirai vraiment quand j'en aurait fait l'expérience.
_ Très bien, je ne demande pas mieux que de procéder à cette expérience car elle apporte en plus de l'eau à mon moulin. Comme point de départ il faut commencer par un élément objectif que l'on pourra relier à une histoire passée ; avez-vous une idée ? "
Jean n'a pas besoin de réfléchir bien longtemps : il sort d'une de ses poches une photo où figure cet objet :
Jean est un archéologue qui pratique aussi l'archéologie expérimentale et il a fabriqué toutes sortes d'objets, copies de trouvailles de fouilles, à la manière supposée dont les artisans des époques considérées auraient procédé pour le faire mais il lui arrive d'aller plus loin et à partir de ce dessin :
il a élaboré un phalère, grande médaille antique qui servait de trophée, en travaillant un disque de bronze au repoussé en essayant d'être au plus près de la facture de l'artiste celte qui avait déjà ciselé ce décor :
Malheureusement, où heureusement, en ciselant une des esses composant le motif il a mordu sur le corps du triskel de gauche le faisant complètement saillir alors que le trikel de droite restait en creux :
en bleu la partie que Jean a fait saillir par repoussage alors que ce n'était pas prévu
et c'est là qu'il a eu l'idée de faire saillir l'entourage de celui-ci :
à droite, toujours en bleu, les autres parties repoussées
puis il est allé encore plus loin en étendant les parties repoussées à droite pour en arriver à ça :
Il est encore allé bien plus loin en transformant les disques (sur le dessin en violet) en volutes pour obtenir ce résultat :
Jean a voulu perfectionner son travail pour le rendre plus artistique et est arrivé à produire le phalère qui se trouve sur la photo.
Rappel :
A ce moment là a-t-il pris conscience qu'il venait de créer un tout nouveau symbole de l'humanité ?
Il semblerait que non ; pour lui il ne pouvait s'agir que d'un motif décoratif prolongeant le triskel/quadriskel qui le préoccupait tant depuis dix ans.
Revenons au laboratoire du Pr Merlin, celui-ci demande : " Avez-vous une idée de l'époque à laquelle a été produit cet artéfact ?
_ Ceci n'est pas vraiment une pièce authentique ni même une copie mais une reconstitution conjecturelle d'après ce dessin qui lui a été fait à partir d'une pièce archéologique authentique ". Jean montre alors le dessin cause du tourment de l'archéologue :
Il ajoute : " S'il je devais donner une époque je dirais entre l'an 200 et l'an 50 avant Jésus-Christ, si je devais donner un lieu je dirais la Celtique ; cette partie centrale de la Gaule.
_ Bien je vais voir ce que je peux faire malgré l'imprécision de vos indications mais j'ai été confronté à des cas autrement difficile donc ne désespérons pas... ".
Et le vieux chercheur se remet a trifouiller son appareil et au bout d'un moment assez long un autre film est projeté sur l'écran. Alors jean vois apparaître cette image :

Ceci ressemble plus à une peinture qu'à un arrêt sur image d'un film et Jean se demande ce que ça peut bien vouloir dire, il remarque cette sorte de tambour chamanique que semble frapper ce jeune homme il fait immédiatement le rapprochement avec le motif de son phalère ; il ne peut s'agir que de la version anguleuse de celui-ci. Puis l'image se décale et Jean comprend qu'il s'agit en fait d'une image peinte sur un mur à l'intérieur de ce qui semble être un temple ; une construction en bois assez fruste. Contre le mur opposé, posé sur un socle en bois, se trouve une statue grandeur nature, réalisé en chaudronnerie de bronze, du dieu cornu Cernunnos. Le lieu est éclairé par quelques lampes à huile, en forme de grande cuillère, suspendues au plafond. La cella, la pièce du culte, n'est pas très vaste et de forme carrée, sans le voir Jean sait que le temple est entouré d'une sorte de portique constitué de quatre poteaux en bois, un à chaque angle, qui soutient l'avancée du toit couvert de chaume. Il y a quelqu'un dans la cella mais Jean ne le vois pas car il s'agit de sa propre personne, il peut seulement constater qu'il est vêtu d'un ample robe blanche ; il comprend qu'il est druide et qu'il est venu rendre un culte à Cernunnos, il lève les bras en l'air et chante un hymne. Il sort du temple et se dirige vers une fontaine sacrée dont la vasque est hauteur de la taille, le druide puise avec ses mains de l'eau lustrale qu'il se passe sur le visage, en se penchant légèrement pour faire ce geste il aperçoit son reflet dans l'eau : un vieil homme à la barbe blanche et à la longue chevelure de même et il constate avec stupéfaction que le prêtre porte en sautoir un phalère en or ; l'original de son phalère que lui, l'homme des années 2020, a confectionné ! Puis des soldats surgissent dans la clairière où se trouve le temple ; des légionnaires romains, les hommes du cruel César, ils s'emparent du vieil homme sans ménagement et le conduisent à un lieu de captivité où se trouve une centaine d'autres druides ; ils auront tous les deux mains coupées et le druide au phalère d'or ne survivra pas à ses blessures. Ainsi s'achève une des vies antérieures de Jean Latour.
De retour au présent Jean fait ce commentaire au Pr Merlin : " Oui, en effet, maintenant il ne saurait plus être question de douter car ce phalère que j'ai créé est bien la pierre de touche de ce que viens de vivre ou plutôt de revivre mais une question me taraude : pourquoi le motif qui orne ce bijoux a-t-il totalement disparu ?
_ Il s'agissait peut-être d'un exemplaire unique, l'or du phalère aura été récupéré pour être fondu et le symbole aura disparu avec cette destruction. Le druide était peut-être le seul à connaître ce symbole.
_ Oui, mais s'il le portait en sautoir tout le monde pouvait le voir et aurait pu le recopier...
_ Les gens sont indifférents ; bien sûr tout un chacun pouvait le voir mais il aura pu être confondu avec le triskel/quadriskel dont vous m'avez montré le dessin et qui m'a permis de faire mes réglages ; d'après ce que vous m'avez dit ce motif a traversé les âges sans encombre mais le symbole inédit aura sombré dans l'oubli. Le druide n'en faisait peut-être pas grand cas et c'est pour ça que personne n'a fait attention.
Vous même, est-ce que vous vous êtes réellement préoccupé de votre création fortuite.
_ Non pas vraiment : j'ai surtout été obnubilé par le triskel:quadriskel car je suis avant tout historien et ce qui m'intéresse c'est le passé pas le présent. ". Il se fait tard et une certaine lassitude s'est installée chez les deux scientifiques aussi les expériences s'arrêtent là et Jean prends congé de son hôte.
Jean reprends contact avec Blanche et lui narre son entrevu avec le Pr Merlin et le résultat de ses expériences. Blanche interroge : " Mais pourquoi avoir d'emblée montré ton phalère, une création moderne, comme preuve objective ? Ce n'en est pas vraiment une puisque c'est une fabrication contemporaine, ça ne peut que fausser les résultats : on pourrait les remettre en cause.
_ Oui, mais le professeur s'est servi, comme élément de calage, du dessin de mon triskel/quadriskel; dans ce cas la preuve objective existe bel et bien.
_ Dans ce cas là il n'y avait pas besoin de produire la photo de ton phalère; ton dessin était largement suffisant.
_ Ma sotte vanité : car pour dire le vrai je ne suis pas peu fier de ma création.
_ Oui, mais puisque c'est ton fameux triskel/quadriskel qui te turlupine et ce depuis dix ans ? ".
Jean reste coi : il ne sait que répondre et il est à ce point embarrassé par cette question qu'il préfère détourner la conversation sur un autre sujet qui paraît tout aussi important : le résultat de la campagne de l'été dernier. Blanche n'est pas dupe mais laisse faire; elle pressent intuitivement que l'affaire est bien plus importante qu'il n'y paraît...
Le lendemain on apprend avec stupeur que le Professeur Merlin s'est fait assassiné dans son laboratoire. La police interroge Jean car on sait qu'il est une des dernière personne à avoir rencontré le scientifique. C'est le commandant Laroche qui est chargé de l'enquête celui-ci a convoqué Jean au commissariat, il interroge : " Vous connaissiez bien Pr Merlin ?
_ Pas tellement je ne l'ai vu qu'une foi, pour procéder à des expériences.
_ Quelles sortes d'expériences ? ".
Jean soupire; il se demande s'il doit révéler la nature des travaux qu'il a accompli avec le professeur : il ne craint que trop de passer pour un fou. Tant pis il se lance : " C'est à propos du chronoviseur...
_ Le chronoviseur ? ". Jean se lance dans une explication embarrassée mais le policier se documente et son équipe a pris des photos de tout ce qui se trouvait dans le laboratoire. Par recoupement Laroche est bien obligé de reconnaître que son interlocuteur dit vrai même si cela semble complètement foldingue : sur internet il a sous les yeux l'invention du Père Ernetti et son appareil est tout à fait semblable à celui que l'on a trouvé dans le laboratoire de Pierre Merlin. L'interrogatoire s'arrête là, heureusement Jean ne fait partie de la liste des suspects.
Rentré chez lui l'archéologue se demande qui à bien pu expédier ad patres cet inoffensif chercheur. Il ne peut s'agir que d'une affaire privée; il ne voit pas d'autre explication : un proche l'aura tué pour une raison où pour une autre. Un crime passionnel par exemple ? Un vieil homme comme Pierre Merlin pouvait-il encore déclencher de folles passions amoureuses? Peu probable. Quand aux autres raisons d'ordre privé Jean se demande quelles places elles auraient pu avoir dans la vie d'un chercheur totalement investi dans ses travaux. Hergé a-t-il jamais fait état de la vie privée du Professeur Tournesol ? Il faut chercher dans la sphère professionnelle. Sans savoir pourquoi Jean se dirige vers sa veste accrochée au porte-manteau qui se trouve dans l'entrée de son appartement et se met en devoir de se sortir d'une des poches la photo de son phalère; il ne la trouve pas, il a beau fouiller et refouiller toute les poches impossible de mettre la main dessus. Pas possible ! se dit-il , il l'aura oublié chez Merlin. Il prend contact avec le Commandant Laroche pour savoir si au cours de la perquisition du laboratoire il n'aurait pas trouvé la photo d'un pendentif qui comporte des volutes, Laroche lui répond : " Ah, c'est donc à vous, quel étrange objet, vous l'avez trouvé lors d'une de vos fouilles ?
_ Non, c'est une reconstitution conjecturelle dans le cadre de l'archéologie expérimentale et d'ailleurs je ne vois pas ce qu'il y a d'étrange.
_ Nous avons fait des recherches sur internet pour savoir à quoi pouvait correspondre cet objet et par recoupement et extrapolation nous sommes tombé sur la croix gammée et qui dit croix gammée dit milieux neo-nazis et nous sommes en train d'enquêter dans cette mouvance. Vous-même, Monsieur Latour, ne seriez-vous pas membre d'un de ces groupuscules, mmh ?
_ Absolument pas ! S'offusque Jean, et quand ce serait me soupçonneriez-vous d'avoir occis ce pauvre Pr Merlin ?
_ C'est quand même troublant, ne trouvez-vous pas ? Que faisiez-vous le 12 octobre entre 14h et 15h ?
_ Mais j'étais à mon laboratoire; mes collaborateurs pourront en témoigner.
_ Bon, nous vérifierons votre alibi mais d'ici là ne quittez pas la ville. ".
Jean raccroche le téléphone. Me voilà promu suspect ; pourvu que ça ne se termine pas sur l'échafaud, se dit-il mi goguenard mi inquiet. Qu'est-ce que c'est cette histoire de croix gammée ; qu'a à voir sa création avec la croix gammée ? Jean se remémore sa vision dans le temple druidique lors de sa dernière expérience avec le chronoviseur : cette peinture représentant ce jeune homme tenant le tambour chamanique où était figuré ce motif :

Il comprend en effet qu'il procède du symbole du phalère et il est déjà moins étonné que la police ait pu faire le rapprochement. Quel dommage que le laboratoire de Merlin soit sous scellés ; il aurait pu se servir du chronoviseur pour savoir ce qu'il advenu du temple après la capture et le supplice du druide, à condition de savoir le faire marcher ce qui est loin d'être le cas. Si cela avait été le cas il aurait pu savoir si la version angulaire du symbole avait pu être recueillie et ainsi traverser les âges. Il n'y avait pas qu'un seul chronoviseur au monde, il devait bien être possible d'entrer en contact avec d'autres expérimentateurs. Les jours suivants Jean se met en devoir de contacter les autres détenteurs de chronoviseurs. Mais il s'aperçoit très vite qu'il n'en reste plus un seul : ils sont tous mort soit de morts accidentelles dans la plupart de cas soit assassinés comme le Professeur Merlin. Stupeur! Jean entre à nouveau en contact avec le Commandant Laroche et lui fait part du résultat de sa quête. Le policier lui rétorque : " Mais ça nous le savons déjà, Monsieur Latour, qu'est-ce que vous croyez ? Que la police se tourne les pouces ? Mais pourquoi cette enquête parallèle, mmh ? Avez-vous une explication à me donner? ". Une foi de plus Jean est exaspéré par le ton inquisitorial du policier; il soupire à nouveau et lui livre toute l'histoire. Laroche ne bronche pas, avec tout ces fous qui lui racontent des salades, se dit Jean... Puis le policier demande : " Est-ce que vous avez une hypothèse pour expliquer toutes ces morts en série ?
_ Oui bien sûr, c'est l'évidence même maintenant que j'y songe : le chronoviseur sert à voyager dans le passé et par la même prouve la réincarnation car aux cours de ces deux voyage temporel que j'ai accompli avec le chronoviseur j'ai eu la preuve irréfutable de la réincarnation et ce grâce à des preuves matérielles qui ont servi à objectiver des expérience qui autrement seraient restées subjectives.
_ Pouvez-vous me parler à nouveau de ces indices matériels ?
_ Le phalère et la frise, ciselé sur une feuille de bronze servant de décor à une pièce archéologique, d'où j'ai tirée le triskel/quadriskel.
_ Oui mais tout cela est bien beau mais je vois une faille dans votre raisonnement : pour qu'il y ait une preuve objective il aurait déjà fallu que vous fassiez ce voyage dans le passé et que vous en rapportiez, par exemple, la vision d'un élément quelconque mais tangible. Je donnerais comme exemple l'histoire ces deux anglaises qui en 1901, alors qu'elles se promenaient près du petit Trianon, s'étaient retrouvées dans le Versailles de Louis XV; elles avaient alors remarqué la présence d'un pavillon chinois qui n'existait plus, où même n'avait jamais existé, à notre époque. Leur témoignage a été mis en doute pendant 50 ans jusqu'à ce qu'un historien retrouve dans des archives l'existence de ce pavillon chinois datant de cette époque et détruit depuis et dont on avait perdu jusqu'au souvenir et c'est à ce moment là que l'on a commencé à les croire. Moi je pourrais vous croire si au cours de votre incursion dans le temps vous m'aviez rapporté la vision de votre phalère, alors qu'il n'était pas encore visible à notre époque, et que vous m'en aviez fait un dessin précis et que quelque temps plus tard vous ou un de vos collègues archéologues trouve au cours d'une fouille le fameux phalère or dans le cas présent ce n'est pas le cas puisque vos supposées preuves existaient déjà : vous avez créé votre phalère avec le motif qui se trouve dessus et votre frise appartient à une pièce archéologique qui a déjà été découverte. Rien n'objective votre expérience avec le chronoviseur.
_ Je rapporte de mon expérience alors que j'étais dans la peau d'un druide au temps de la guerre des Gaules ce dessin :
Ce motif n'a jamais existé dans le présent mais il se pourrait qu'à la faveur d'une trouvaille archéologique il soit révélé et ainsi j'aurais ma preuve.
_ Ce n'est pas valable car nous même, par nos investigations, nous sommes arrivés à le trouver et vous même par déduction avez-vous pu faire de même, c'est spécieux.
_ Peut-être, mais au cours de mon travail de reconstitution conjecturel d'un phalère j'ai commis une maladresse qui m'a conduit à créer ce tout nouveau symbole... ". Jean se lance alors dans une longue explication sur la technique du repoussage sur les métaux en feuille en l'occurrence une feuille de bronze et comment son ciselet a dérapé le forçant à aller là où il n'aurait jamais songé, " cette rature n'a rien eu de fortuit mais a été guidée par mon inconscient car si ça n'avait pas été le cas cette maladresse n'aurait rien donné de sensé or c'est tout le contraire qui s'est produit puisque ça a abouti à ce résultat extraordinaire. Je suis sûr que dans cet inconscient se trouvait l'esprit du druide révélé par le chronoviseur.
_ Oui, mais quand vous avez foiré votre ciselure vous n'étiez pas devant l'écran du chronoviseur et c'est de ça que nous parlons maintenant puisqu'il serait à l'origine de toutes ces morts suspectes. Là nous nous écartons de notre sujet.
_ Je ne connais pas très bien le principe de fonctionnement du chronoviseur car c'est assez nouveau pour moi ; si Pierre Merlin était encore de ce monde il aurait pu nous en dire un peu plus mais, hélas... Cependant j'ai l'intuition que cet appareil est comme un poste de radio ou de télé ; c'est un récepteur qui capte les ondes psychiques mais j'ai en fait l'impression que c'est plus un facilitateur qu'un véritable récepteur car il existe d'autre moyen de capter les dites ondes de façon plus naturelle : certains voyants, certains médium sont à même de percevoir des mondes invisibles et de voyager dans le passé comme dans l'avenir, ça a toujours existé, par l'hypnose il est possible de revivre ses vies antérieures. En fait le chronoviseur est là pour mettre à la portée de tout le monde ce qui jusque là n'était réservé qu'à une petite élite. C'est l'influence de cette vie antérieure qui a présidé à ma découverte. L'esprit a une force incommensurable et il gouverne la matière ; cela a été prouvé scientifiquement et pour vous en convaincre je vous propose la lecture de Dean Radin : La Conscience Invisible. " Après cette longue tirade le Commandant Laroche hoche longuement la tête d'un air mi figue mi raisin et finit par demander : " Très bien, tout cela pourrait être très convaincant à condition que l'on découvre lors d'une fouille un bijoux décoré de votre fameux symbole comme dans l'histoire des deux anglaises du Trianon mais pour l'instant rien.
Moi, en attendant, j'ai un meurtre à résoudre sur les bras. D'après ce que vous venez me dire toutes ces morts mystérieuses seraient rien moins qu'un complot destiné à nier la force de l'esprit, si j'ai bien compris ?
_ C'est cela même.
_ Et qui soupçonnez-vous ?
_ Tout ceux qui ont intérêt à maintenir l'humanité dans cet état d'ignorance qui mène le monde à sa perte.
_ C'est vague Monsieur Latour ; ça ne nous avance pas à grand chose. Avez-vous une idée plus précise ?
_ Il y a des précédents ; d'autres affaires irrésolues de ce genre.
_ De quoi voulez-vous parler Monsieur Latour ?
_ Il s'agit notamment d'un certain Lesneven mort dans des circonstances pas très claires, il semblerait qu'il ait été renversé par une voiture qui a pris la fuite. Lesneven était sur le point de révéler au monde entier une découverte majeure qui aurait révolutionné du tout au tout notre perception du monde : il aurait établi une passerelle entre notre monde et l'au-delà. Ce fait m'a été rapporté, il y a quelque temps, par mon amie Blanche Duruissau et j'avoue que ça m'avait laissé assez sceptique mais depuis, grâce à mes expériences avec le chronoviseur mon point de vue a changé.
_ Tout ceci ce sont des histoires à dormir debout. Je crois que l'on va arrêter là pour aujourd'hui. " L'entretien se termine et Jean rentre chez-lui.
Il revient à sa conversation avec le policier ; il ne peut pas lui donner entièrement tort : ses soi disant preuves matérielles existaient déjà avant son incursion dans le passé et dans ce cas ça ne prouve rien. Comment un scientifique aussi rigoureux que lui a-t-il pu se faire prendre à ce jeu de dupe ? Mon Dieu ces expériences avec le chronoviseur et l'influence de Blanche m'ont tourneboulé la tête ! Se dit-il. Tu manques de confiance en toi et doutes de tes facultés cognitives, lui dit une petite voix, il est temps que tu te reprennes. Jean réfléchit : cet épisode quand il était dans la peau d'un druide n'aurait été qu'un rêve et le phalère d'or une projection de sa création, le phalère de bronze qu'il a reconstitué d'une manière conjecturelle ? Toute cette expérience n'a été que subjective ? Et la machine ; il l'a bien vue de ses yeux vues et il l'a même tâtée : il s'agissait bien d'un objet concret, tangible qui n'avait rien à voir avec son imagination. Mais les images apparues sur l'écran étaient-elles bien réelles ? Car les images que l'on voit à la télé et sur un ordinateur sont la plupart du temps irréelles et fictives ; il se peut qu'il y en ait qui soient réelles et dans ce cas comment faire le tri entre ce qui est fictif, voire carrément mensonger, et ce qui est vrai ? L'exemple de la propagande et des fake news est là pour nous mettre en garde contre une confiance excessive dans ce qui nous est montré sur les écrans. Et ceci est à plus forte raison valable pour ce qui concerne l'écran du chronoviseur. Alors ? Son expérience avait-elle été vraiment réelle ? Pour ce qui est des images et des nouvelles de l'actualité on est bien obligé de faire confiance : la plupart du temps les journalistes professionnels font leur métier d'une manière honnête et il appartient à tout un chacun de procéder à des vérifications. Mais pour ce qui concerne le chronoviseur faire confiance à qui ? À l'opérateur ou à la machine ? Jean fait des recherches sur la genèse du chronoviseur. Sur quoi le père Ernetti s'est-il basé pour concevoir son appareil ? Il se documente : il lit les ouvrages d'un certain François Brune : Les morts nous parlent et À l'écoute de l'au-delà. Ces livres parlent des transcommunications instrumentales : ces communications avec les âmes des défunts qui se font à l'aide de magnétophones et même d'ordinateurs. Ceux qui sont passés de l'autre côté, dans l'au-delà, pourraient dans certains cas imprimer leur voix sur des bandes magnétiques et ainsi délivrer des messages aux vivants. L'auteur, François Brune, relate d'autres phénomènes tels que ces scènes de champs de bataille dont on pourrait-être témoin dans certains endroits et à certaines époques :
comme dans le célèbre cas des " drosulites ", en Crète, où, selon divers témoignages dignes de foi, on peut, à une certaine époque de l'année et tôt le matin, voir défiler toute une armée étrange de fantômes, revêtus de cuirasses et portant lances et boucliers. Le cas n'est d'ailleurs pas unique. D'autres phénomènes du même genre, quoique moins constant, on été plusieurs fois observés. (François Brune, À l'écoute de l'au-delà).
L'auteur pour expliquer ces phénomènes fait appel au concept d'ondes rémanentes. Jean ne veut pas se noyer dans toute une théorie qui fait appel, entre autre, à la physique quantique. Il retient seulement que tout ce qui a existé a produit au cours du temps des ondes, comparables aux onde électromagnétiques, qui serait demeurées pour toujours à un niveau de réalité où il n'y a plus d'espace ni de temps, probablement au niveau quantique, (François Brune, À l'écoute de l'au-delà).
Dans ce cas le chronoviseur capterait ces fameuses ondes de la même manière qu'un poste-radio captes les ondes électromagnétiques d'une émission. Une émission de radio est un fait objectif qui ne dépend pas du psychisme de l'auditeur : donc on serait en droit de penser que la machine d'Ernetti en captant ces ondes rémanentes renvoie à un fait tout aussi objectif, se dit Jean, le tout est de savoir si la captation de ces images du passé a un authentique caractère historique. Ces scènes de batailles qui hantent encore certains lieux ont souvent pour références des faits historiques attestés et on serait en droit de fonder l'objectivité de tels phénomènes.
Jean finit par admettre l'authenticité de ses expériences qu'il a menés sous la direction du regretté professeur Merlin. Jean ne juge pas nécessaire de faire part à la police du résultat de ses cogitations ; ces arguments définitifs le confortent lui et ça lui suffit. Mais où en est l'enquête ?
Donc les pièces à convictions, à savoir le phalère et le triskel/quadriskel, ne sont plus nécessaires pour dire que le chronoviseur capte bien un passé situé dans la réalité objective ; par ce fait il apporte la preuve et de la réincarnation et de l'existence de l'Esprit en tant que principe immortel. S'il en est ainsi cela conforte l'hypothèse dont il avait fait part au commandant Laroche : une conjuration hostile à la diffusion de cette vérité est à l'oeuvre dans toutes ces morts des opérateurs du chronoviseur du père Ernetti. Mais quelle est la nature de cette conjuration qui semble bien être une véritable mafia ? Vers où tourner les investigations ? On sonne à la porte, Jean va ouvrir : Laroche et deux de ses archers. " Commandant ! On ne se quitte plus à ce que je vois.
_ Jean Latour à partir de maintenant ce 1er novembre à 15h30 vous êtes en garde à vue... ". Suit l'inévitable citation des droits du gardé à vue.
Stupeur !
" Mais pourquoi vous m'arrêtez ?
_ Suivez-nous s'il vous plait. "
Jean se retrouve, menottes aux poignets, devant le bureau du policier. Laroche lui présente toute une série de photos ; d'épouvantables photos qui montrent un corps mutilé et même décapité, sur un mur, peint dans ce qui paraît être du sang ceci :
_ Alors Latour, tu reconnais ton oeuvre ? "
Jean est pris d'une violente nausée mais il arrive malgré tout à se ressaisir et ne pas céder à la panique, après une grande aspiration destinée à récupérer son sang froid il demande sèchement : " Qu'est-ce que ça signifie ?
_ Quoi ? C'est pas la signature de l'artiste ça ? " Il souligne du doigt le symbole qui macule le mur. ". Tu me l'as pourtant bien montré l'autre jour, te vantant même d'en être le seul auteur. ". Jean réfléchit le plus vite possible et il rétorque : " Et alors qu'est-ce que ça prouve ? Il y a très bien pu il y avoir une fuite et cette fuite ne peut provenir que de vos services.
_ Ah bon, tu me l'as juste montré ton putain de dessin ; on en a pas fait de photocopie et donc pas versé au dossier, de plus je n'en ai parlé à personne et ne me dis pas que j'aurais pu le faire moi-même : je n'ai pas une mémoire photographique et ce symbole est plutôt complexe; tu me l'as juste montré comme ça l'espace de quelques secondes pas assez pour que je puisse le mémoriser.
On va relevé tes empreintes et ton ADN et le comparer avec ce qu'on a retrouvé sur la scène du crime.
_ Je veux un avocat.
_ C'est ton droit ; on va faire le nécessaire. "
Un deuxième interrogatoire a lieu quelques heures plus tard, cette fois l'avocate de Jean est là : Me Deirdre Favier. D'emblée Laroche attaque : " Mauvaise nouvelle Latour, il s'agit bien de ton ADN que l'on a retrouvé sur le lieu du crime.
_ Il y a-t-il d'autres indices : des empreinte digitales et autres ? intervient l'avocate.
_ Non, seulement l'ADN et il me semble que c'est bien suffisant.
_ Parlez pour vous, commandant, pour moi c'est bien loin d'être suffisant : mon client habite un pavillon et possède deux poubelles individuelles ; une pour le tri et l'autre pour les déchets ménagers comme il se doit. Quelqu'un a très bien pu fouiller la poubelle grise et y trouver soit des cheveux, soit des mouchoirs en papier imprégnés de mucus nasal et même un préservatif usagé, prélever de l'ADN de mon client et le déposer sur la scène du crime ; cela s'est vu de nombreuses fois. Allons, l'ADN que l'on nous présente comme la reine des preuves a du plomb dans l'aile. Il existe maintenant une jurisprudence suffisamment substantielle pour écarter l'ADN comme preuve absolue ; si vous n'avez que ça à produire le tribunal aura vite fait de vous débouter.
_ Ah, et ce symbole, véritable signature de sang, est-ce qu'il ne provient pas de votre client ? ". Le policier montre côte à côte deux photos l'une représentant la signature sanglante et l'autre le dessin que Jean avait imprudemment montré à Laroche quelques jours auparavant.
Pour le coup Me Favier reste coi puis elle demande : " Puis-je m'entretenir en particulier avec mon client ?
_ À votre aise Maître. ". On ménage un endroit sécurisé pour que Jean et son avocate puissent se parler et cette dernière demande abruptement : " Qu'est-ce que c'est cette histoire de symbole, Monsieur Latour ? Vous ne m'en avez pas parlé. ". Jean ne peut faire autrement que tout lui raconter par le menu. Me Favier réfléchit à toute vitesse pour savoir quelle stratégie de défense adopter. Puis elle déclare :" Je ne vois qu'un seul moyen de vous sortir de ce mauvais pas : il y a une énorme charge contre vous : ce symbole. Le mieux est de plaider une crise délirante qui vous aura amené à commettre ce meurtre ; votre histoire est déjà folle, il n'y aura qu'un petit pas à faire pour convaincre le juge... Vous serez interné quelques temps et très vite relâché ce sera toujours mieux que de passer 30 ans en prison.
_ Mais je ne suis pas fou, s'insurge Jean.
_ Je vous crois mais il faut être pragmatique : pouvez-vous me désigner quelqu'un d'autre que vous qui aurait eu connaissance de ce symbole ?
_ À part le commandant Laroche, personne d'autre.
_ Ah... " L'avocate reste un court moment rêveuse puis elle reprend : " Vous lui en avez parlé ? Qu'est-ce qu'il en dit ?
_ Que je lui ai montré trop brièvement le dessin de mon symbole pour qu'il puisse s'en souvenir et puis un policier de son grade est de toute manière insoupçonnable.
_ Oh ça, ça ne veut rien dire ; un policier de grade élevé n'est jamais à priori insoupçonnable, même le préfet de police ; nous pourrons toujours attaquer de ce côté là, quand à cette histoire d'image à peine entrevue là aussi il y aurait du grain à moudre. Qu'est-ce qu'il dit de ce côté là ?
_ Qu'il n'a pas une mémoire photographique et qu'il n'a donc pas pu se souvenir.
_ Tiens, tiens, çà il faudra qu'il le prouve et de plus l'inconscient enregistre beaucoup plus que la conscience vigile : on peut très bien faire remonter des souvenirs enfouis par l'hypnose. " Tout à coup l'avocate semble ragaillardie et elle annonce : " Finalement notre affaire n'est pas si mal engagé que ça : nous allons plaider le doute. "
On se retrouve à nouveau devant le bureau du commandant et là Me Favier attaque : " Mon client m'a dit qu'il vous a montré le dessin de son symbole bien avant le meurtre, est-ce vrai commandant ?
_ Oui, et qu'est-ce que ça change ?
_ Cela change dans le sens qu'il n'y avait que deux personnes au monde à connaître le symbole ; Jean Latour et vous, Commandant. Vous ne pouvez plus arguer contre mon client que la signature sanglante ne peut provenir que de lui puisqu'il se pourrait bien que vous connaissiez le symbole tout aussi bien que lui. " Le policier s'emporte : " Comme vous y allez, Maître ! Vous oubliez qui je suis : un fonctionnaire de la police assermenté !
_ Et alors ? Cela ne vous place pas au dessus de tout soupçons.
_ Mais il ne me l'a montré que quelques secondes ! Un temps bien insuffisant pour que je puisse le mémoriser !
_ Combien de temps ? Cinq secondes ou une minute ? Ou même cinq minute ? Avez-vous chronométré ? L'écoulement du temps est éminemment subjectif : votre argument ne passera pas auprès du juge ; il ne retiendra qu'une chose: d'après l'aveu que vous venez de me faire vous avez eu connaissance de ce symbole bien avant le crime, peu importe que ce soit une heure où une seconde ; c'est le principe qui compte. Et par là même vous devenez aussi suspect que mon client dans ce cas je vais demander à ce que vous soyez dessaisi du dossier. " Et l'interrogatoire se termine là.
Grâce à ce coup de théâtre inespéré Jean est très vite relâché.
Mais l'enquête revient au point mort.
Laroche est dessaisi et l'affaire est confié au commandant Chamechaude. Celui-ci convoque à nouveau Jean et il doit à nouveau raconter par le menu toute son histoire mais à la différence de Laroche ce nouveau policier semble beaucoup plus ouvert d'esprit que Laroche ; il s'intéresse tout particulièrement au chronoviseur et s'enquiert des procédures expérimentales il demande notamment : " Mais le professeur Merlin quand vous étiez devant l'écran de la machine alors que vous étiez dans la visualisation de vos vies antérieures a-t-il pu voir la même chose que vous ?
_ Certainement puisque nous avons pu discuter du fameux phalère en or porté par le druide ; il a fait des remarques si pertinentes sur celui-ci qu'il ne se pouvait pas autrement faire qu'il ne l'ait vu et à fortiori la version angulaire du symbole, cette version qui a servi de signature sanglante.
_ Ah ! Mais voilà qui change tout ! Donc il y a eu une troisième personne à connaître ce symbole qui nous occupe : le professeur Merlin. Bien entendu puisque Merlin est mort bien avant ce crime sanglant il ne peut être suspecté mais vous et mon collègue Laroche pouvez respirer ; l'étau se desserre. Trois initiés donc trois pistes mais je privilégierais plutôt la piste Merlin étant donné sa mort tragique. Il se pourrait que son ou ses assassins lui aient extorqué des secrets sous la torture ce qui donnerait une explication à toutes ces morts en séries dont ont été victime tout les opérateurs du chronoviseur. Les agresseurs étaient sans doute à la recherche d'un renseignement essentiel et pourquoi cette information n'aurait elle pas pu être votre fameux symbole ? ". Grâce à l'intelligence de ce jeune flic l'enquête repart d'une manière inespérée.
Au bout de quelques mois, grâce à la collaboration entre plusieurs services de police tant au niveau national qu'international, l'organisation coupable des morts des différents opérateurs du chronoviseur de part le monde est identifiée. Il s'agit d'une secte religieuse qui effrayée par ce que révélaient les expériences avec les chronoviseurs, en ce qui concerne notamment la réincarnation et sa validation, ont préféré tuer les scientifiques qui s'occupaient de ces questions et ainsi les faire taire. Pour ces illuminés il ne pouvait être question de remettre en cause le dogme de la résurrection des corps lors du jugement dernier à la fin des temps. Tout cela était très bien mais ne résolvait en rien le meurtre atroce avec décapitation signé du symbole sanglant car très vite on s'aperçut que ces tarés sectaires n'y étaient pour rien. Jean apprend le résultat de cette enquête et fortuitement il lui revient en mémoire ce que lui avait dit Laroche à savoir que lorsque lui et son équipe avait retrouvé dans le laboratoire de Merlin la photo du phalère que Jean avait oublié, ils avaient investigué sur internet pour savoir à quoi pouvait bien correspondre cet étrange motif décorant cet objet. Ils était tombé sur la croix gammée et avait compris qu'il existait une version angulaire dudit motif, Laroche avait même soupçonné Jean de faire parti d'un groupuscule nazi. Donc même bien avant que Jean ait montré à Laroche, dans son bureau au commissariat, le dessin de la version angulaire du symbole ce dernier était bien au courant de son existence puisqu'il l'avait déduit du résultat de ses recherches sur le web. Ahah, voilà qui change tout, se dit Jean, Laroche m'a mis en garde à vue sciemment et ce d'une manière abusive : qui sait ce qu'il serait advenu de moi si Me Favier n'avait pas si bien démêlé l'affaire en ma faveur ? Jean se rend au commissariat et demande à être reçu par le commandant Chamechaude. L'archéologue lui raconte toute l'affaire et il conclue : " Je vous laisse juge Commandant : votre collègue pourra toujours plaider l'oubli et l'erreur mais vous qu'est-ce que vous en pensez ? ". Le policier réfléchit un moment puis finit par dire : " Voilà qui est troublant... Même si le commandant Laroche est un collègue je ne peux négliger cette piste. Je vais faire le nécessaire et je vous tiens au courant si j'ai du nouveau, Monsieur Latour. ". Jean regagne son laboratoire. Il a la visite de Blanche peu de temps après son retour. Il raconte à la celtisante tout ce qu'il lui est arrivé ces derniers temps ; sa garde à vue et la résolution de l'assassinat du professeur Merlin ; Blanche est évidemment au courant de tout car elle a suivi l'affaire de près mais quand Jean lui raconte le dernier rebondissement de l'affaire, les soupçons qui pèsent sur Laroche, là elle exprime sa surprise : " Pas possible, vous ne croyez tout de même pas qu'un policier aurait commis un crime aussi horrible !?
_ Et pourquoi pas, souviens toi de ce gendarme serial killer; ça s'est déjà vu ce genre d'affaire et pas qu'une fois.
_ Mais il aurait perpétré ce crime pourquoi ? Il aurait eu connaissance de ton symbole dans sa version angulaire et il se serait dit : " Tiens ça pourrait me servir de signature pour ce massacre que j'envisage depuis longtemps ; il ne me manquait plus qu'une marque pour le faire : elle est toute trouvée ; ce zigouigoui fera l'affaire. "; Cela ne tient pas debout, pourquoi il aurait fait ça ? Pour s'amuser ?
_ Et pourquoi pas ? Là aussi ça s'est déjà vu... " Puis on change de sujet et au bout d'un moment Blanche repart et la journée se termine comme ça.
Le lendemain Jean reçoit un coup de téléphone du commandant Chamechaude : Laroche n'est pour rien dans le crime ; son collègue tenait un blog où il racontait sa vie de tout les jours, cela n'avait rien de secret et beaucoup de policiers au commissariat étaient au courant ; c'était quelque chose de tout à fait anodin et évidemment nullement répréhensible. Mais Laroche avait coutume d'agrémenter son blog avec des images et parmi elles figurait son fameux symbole dans sa version angulaire. N'importe quel taré aurait été à même de piquer celui-ci et en faire ce que bon lui semble. Des informaticiens chevronnés de la police était sur le coup pour remonter jusqu'au criminel qui s'en serait servi comme signature de sang mais autant chercher un aiguille dans une botte de foin car des centaines voire des milliers d'internautes ont très bien pu faire une copie du symbole. De plus Laroche avait un alibi.
Jean téléphone à Blanche pour lui faire part des progrès de l'enquête, il lui dit : " Quelle déception n'est-ce pas ? On ne saura jamais qui a commis ce crime.
_ Tu sais la secte la résurrection des corps à la fin des temps n'a pas réussi à exterminer tout les possesseurs et expérimentateurs du chronoviseur : il y en reste un qui officiait d'une façon tellement clandestine que personne n'était au courant de son existence ; c'est pour ça qu'il a échappé au massacre. Je n'ai su qu'hier par une amie qui avait fait appel à ses service que cet homme habite pas si loin d'ici, à trois heure de train, nous pourrions lui rendre visite
_ Mais pourquoi faire ? Moi pour l'instant je n'ai pas le coeur à explorer d'autres vies antérieures mais libre à toi de le faire mais sans moi.
_ Qui parle de vies antérieures ? C'est une toute autre motivation que j'avais en tête : l'élucidation de ce crime sanglant.
_ Quoi ? Tu crois que ce serait possible à l'aide de la machine ?
_ Pourquoi pas, on peut toujours essayer. ". La décision est prise ; les deux amis iront voir le dernier des chronovisionneurs.
Ils leur faut marcher un bon moment dans cette petite ville médiévale du Massif Central pour arriver devant une vielle maison située au bout d'une impasse : c'est là que se trouve Ernest Dujardin le possesseur d'un exemplaire de la machine du Père Ernetti. Cet homme affable d'une soixantaine d'années les introduit dans ce qui ressemble plus à un atelier d'artiste qu'à un laboratoire. Après avoir discuté un petit moment sur le fait qu'il était un survivant nos héros font part de leur requête à leur hôte : " Voilà, attaque d'emblée Blanche, nous aimerions résoudre ce crime épouvantable qui a eu lieu dans notre ville, vous savez : cette décapitation et cette signature de sang par un symbole.
_ Bien entendu mais en quoi puis-je vous aider ? Le chronoviseur explore le passé, certes, mais pour que je puisse régler ma machine il me faut un élément matériel concret or avez-vous un objet qui se trouvait sur la scène du crime.
_ Non bien sûr ; tout les objets sont sous scellés et sont du ressort de la police et nous tout ce que nous avons c'est cette photo dont le commandant Chamechaude, en charge de l'affaire, a bien voulu nous délivrer une copie. Nous lui avons fait part de notre projet de consultation du chronoviseur et, en désespoir de cause, nous a donné son soutien. Voici la photo de la signature sanglante :
_ Je vais voir ce que je peux faire avec ça, dit l'homme de l'art. ".
Mr Dujardin règle son appareil ; Blanche et Jean se place devant l'écran. L'image apparaît, celle de l'assassin. Ô surprise ! Il s'agit de Laroche et toute l'histoire se déroule sous leurs yeux : Laroche est un ripoux de grande envergure ; il connaissait bien sa victime même si celle-ci n'était pas connue des services de police. Joël Létoile, car c'était son nom, était un trafiquant d'organes humains : il écumait ces pays de misère où des paysans endettés jusqu'au cou et pour plusieurs générations sont prêt à vendre un de leur rein et même un morceau de leur foi pour pouvoir sortir la tête hors de l'eau, de plus il commanditait des crimes d'hommes et même d'enfants pour pouvoir récupérer leur squelette ; une image atroce apparaît, celle d'un bambin décapité avec sa tête posée à côté de lui. Laroche aurait découvert fortuitement ce trafique ignoble et juteux qui consistait à fournir, en organes à greffer, de vieux riches des pays occidentaux. Pour ne pas être inquiété Létoile aurait versé un pot de vin considérable au policier, somme placée dans un compte secret dans une banque d'un paradis fiscal des Caraïbes. Laroche aurait eu les yeux plus gros que le ventre et aurait exigé encore plus du trafiquant ; bien sûr ce dernier aurait pu mettre un contrat sur la tête du ripoux mais celui-ci aurait dés le début pris la précaution de planquer des documents compromettants, incriminant le trafiquant, qui seraient mis au grand jour s'il venait à mourir subitement. Laroche aurait convoqué Létoile dans un lieu secret pour exiger de celui-ci une rallonge au pot de vin ; la discussion se serait envenimée et le policier aurait tué accidentellement le trafiquant. Létoile aurait négligé de venir ce jour là, on ne sait pour quelle raison, avec son escorte qui aurait pu éviter cet événement. Laroche aurait alors maquillé cet homicide pourtant involontaire, mais qui pour des raisons évidentes ne pouvait être révélée, en crime horrible et sanglant et, pour détourner les soupçons, aurait peint avec le sang de la victime la marque que l'on sait. Mais tout ceci s'écrit au conditionnel car il manque une preuve pour asseoir la culpabilité de Laroche. Qu'à cela ne tienne : d'autres images défilent sur l'écran du chronoviseur, des images sans suite et sans grande cohérence comme celles d'un rêve puis tout à coup arrêt sur celle-ci :

Un guerrier mourant qui semble avoir été abandonnée par l'armée dont il faisait partie et dont on voit les bateaux s'éloigner de la côte sans doute après avoir perdu bataille. Mais quel est donc ce personnage qui semble flotter dans les airs et dont un rayon de lumière issu de son front vient frapper le corps du malheureux ? " An speirbhean ! " s'exclame la druidesse primordiale qui a pris pour un court instant possession de l'esprit de Blanche. Jean comprend que ce mot gaélique signifie femme du ciel. Un personnage surnaturel appartenant au peuple des fées ; la femme du ciel est venu sauver le guerrier. Qu'est-ce que ça signifie ? Quel lien avec notre affaire, se demande Jean ? Tout ce sang que l'on voit s'écouler de ce corps blessé, rajoute-t-il ; ça lui fait penser à la scène du crime que Laroche aurait maquillé et dont il lui a montré les photos. Jean comprend qu'il s'agit là d'une des scènes de ses vies antérieures et que le guerrier c'est lui. Il se demande si, les circonstances le permettant, il aurait pu être victime de ce meurtre avec décapitation dont se serait montré coupable Laroche, sa propre personne étant substituée à celle de Létoile. Quelle drôle d'idée, se dit-il. Une autre image apparaît sans doute subséquente à la précédente :

Il reconnaît le guerrier appuyé sur son écu ; c'est toujours lui, il comprend qu'il est sur le seuil de l'au-delà. Il n'arrive pas à déchiffrer cette symbolique mystérieuse qui se présente à lui. Peu importe. Pour quel mobile Laroche l'aurait-il tué, lui, à la place de Létoile ? Le chronoviseur lui permet de revivre partiellement cette vie antérieure quand il était guerrier. Une scène de bataille ; cette foi son armée est victorieuse ; il se voit se pencher sur ce chef ennemi blessé mais pas trop gravement et qui pourrait survivre à ses blessures si lui, le guerrier, se saisissant de son glaive émoussé par le combat ne se mettait en devoir de lui trancher la tête pour en faire un trophée :

Epouvantable et interminable exécution qui donne envie de vomir à Jean. Mon Dieu ! S'exclame-t-il in petto, dans cet avatar était-il donc aussi cruel et sanguinaire ? Il comprend aussi que le chef qu'il est en train d'achever d'une manière aussi ignominieuse, lui refusant toute clémence, n'est autre qu'une des précédentes réincarnations de Laroche ! Il comprend maintenant pourquoi Laroche l'a chargé en essayant de lui faire endosser le crime avec cette signature de sang. Alors une autre scène apparaît sur l'écran : Le commandant Laroche à été prévenu du crime et il s'est rendu seul sur la scène bien avant ses hommes, il a fait un constat sommaire, a enfilé des gants de latex et, mu par une pulsion qu'il ne saura jamais expliquer, à l'aide d'un chiffon qui traînait par là a barbouillé le symbole sanglant sur le mur ! Ce n'est pas le véritable meurtrier qui a apposé cette signature mais bel et bien Laroche pour faire accuser Jean. Bien entendu si on interroge Laroche sur cet acte il sera bien en peine de l'expliquer puisque la cause en vient d'une vie antérieure qu'il a oublié. Alors l'hypothèse de l'homicide involontaire de Létoile par Laroche s'effondre. De retour au présent Jean raconte tout ce qui c'est passé à Mr Dujardin, il se plaint : " Elle n'est pas fiable votre machine puisque nous avons vu, Blanche et moi, Laroche commettre un homicide et le maquiller en crime sanglant alors que vers la fin de séance j'ai compris qu'il n'était responsable que d'un faux en signature...
_ La vérité pour se faire jour emprunte souvent des chemins extrêmement tortueux mais l'essentiel n'est-il pas que vous ayez avancé dans votre enquête en comprenant quel lien karmique vous liait à ce policier et pourquoi il était sur le point de commettre une erreur judiciaire à votre encontre.
_ Oui, mais nous n'avons toujours pas trouvé le vrai coupable.
_ Ho ! Que de récriminations ! Le chronoviseur ne peut pas tout faire. Aide toi et le ciel t'aidera. Laissez faire la justice des hommes : après tout elle n'est pas si mal faite que l'on le dit... ". On prend congé et de retour dans leur ville les deux amis s'aperçoive que le chronovisionneur a justement prophétisé. Le commandant Chamechaude, flic très habile, a remonté la piste du trafiquant d'organes et d'êtres humains car la victime s'appelait bel et bien Joël Létoile et était bien le grand criminel tel qu'ils l'avaient vu à travers le chronoviseur. La résolution du crime la voilà : il s'agit d'un banal règlement de compte entre organisations mafieuses rivales et le crime a été maquillé pour brouiller les pistes. Le parrain et ses sbires qui sont les vrais coupables sont sous les verrous. Et le pouvoir de l'esprit dans tout ça ? N'a-t-il pas été amplement prouvé par l'usage chronoviseur ?
Mais pour le lecteur attentif une question reste en suspens : comment se fait-il que l'ADN de Jean Latour se soit retrouvé sur la scène du massacre de Joël Latour ? Le commandant Laroche aurait-il été à ce point ficelle qu'il aurait prélevé de l'ADN de Jean d'une manière ou d'une autre ? Cela aurait supposé que le policier aurait prémédité la fabrication de fausses preuves ; on peut penser qu'il aurait offert à Jean un café au cours de l'un de ses interrogatoires et aurait recueilli le gobelet pour polluer avec la scène du crime. Mais nous savons que ça ne c'est pas passé comme ça pour la bonne raison que Laroche à maquillé le crime mu par une pulsion irréfléchie d'origine karmique. La police scientifique a bien fait son travail : non seulement elle a prélevé tout les ADN de la scène mais aussi ceux de tout les protagonistes en lien avec l'affaire ; tant les suspects, évidemment, que les enquéteurs qui auraient pu polluer inévitablement ladite scène et lors d'un contrôle de routine on s'est aperçu, ô surprise ! que Laroche et Latour avait le même ADN ! Une probalité qui confinait à l'impossible : Une chance sur dix puissance ... un milliard de milliard ! L'apparition de la vie sur terre est déjà plus probable que cette éventualité ; seulement ça c'est bien produit ainsi ! Laroche et Latour étaient-ils de la même famille sans le savoir ? Une recherche généalogique poussée invalida cette hypothèse. Il ne restait plus que l'incroyable, le miraculeux ! Quand Jean appris la nouvelle du commandant Chamechaude il aurait pu se mettre en rapport avec Laroche, de même que ce dernier aurait pu faire la même démarche, mais, curieusement ni l'un ni l'autre ne l'ont fait ... Pourquoi ? Latour avait sans doute une bien mauvaise dent contre le policier mais il n'y avait pas seulement ça : Jean se souvenait très nettement de la scène de cette vie antérieure où il avait décapité d'une manière si atroce l'avatar de Laroche : l'idée même de rencontrer à nouveau ce dernier le remplissait de malaise et d'effroi. Cependant Laroche, lui, n'était au courant en rien des régressions vers des vies antérieurs de celui à qui il avait essayé de faire porter le chapeau, d'ailleurs même la justice ne sut jamais rien de ce fait délictueux puisque que Jean ne révéla rien de son expérience avec le chronoviseur. Mais Laroche, lui, le savait et craignait que cette confrontation ne se retournât contre lui. Donc on en resta là.
Quelques temps plus tard, Jean rend visite à Blanche chez elle. Après avoir causé de toute sorte de sujet concernant surtout les travaux archéologiques en cours, Jean aborde le sujet quelque peu géné : " Tu es évidemment au courant de ce fait : Laroche et moi avons le même ADN, aucun média n'en a parlé et cela semble n'avoir intéressé aucun scientifique mais l'énigme demeure : qu'en penses-tu ?
_ Moi-même, tu penses bien, j'y ai beaucoup réfléchi et je crois qu'une visite à notre ami Dujardin s'impose.
_ Moi aussi j'y ai pensé mais il nous manque un élément : la dernière fois nous avions le symbole de sang peint par Laroche et là nous ne disposons d'aucune pièce à conviction qui permettrait à Dujardin de faire ses réglages. ". Blanche réfléchit et au bout d'un moment reprend la parole: " Il nous faut une photo de Laroche lui-même.
_ Mais je n'en ai pas et je ne peux tout de même pas aller le voir et le photographier comme ça...
_ Moi je peux le faire car il ne m'a jamais vu ; tu n'auras qu'à me dire à quoi il ressemble et j'irai le guetter à sa sortie du commissariat et prendrai subrepticement la photo. ".
Le lendemain après avoir accompli sa mission Blanche et Jean se mettent en route vers le laboratoire de Mr Dujardin. Après les salutations d'usage les deux amis font part au chronovisionneur de leur désir de résoudre l'énigme de l'ADN commun au policier et l'archéologue. Dujardin se met devoir de régler sa machine ; Blanche et Jean se retrouve devant l'écran.
Ils voient apparaître cette image :
Qu'est-ce que ça représente?
Jean comprend que le prédicateur en chaire est une de ses précédentes incarnations et la femme que l'on devine être une impératrice, debout dans la tribune, une de celles de Blanche. Le prêtre vitupère avec véhémence la grande souveraine...
Quel est ce personnage tout juste à la droite de l'impératrice ? Un ministre, un conseiller, un favori ? Ou les trois à la fois ? Jean comprend qu'il s'agit là d'un des avatars de Laroche. Puis une autre image :
Une autre incarnation de Blanche mais sans doute située dans un avenir plus ou moins lointain comme en témoigne cet aéronef futuriste que l'on voit au loin, mais quelle est donc cette langue mystérieuse dans laquelle est écrite l'inscription portée sur ce véhicule volant ? Encore une autre image :
Ni Jean ni Blanche ne parviennent à comprendre ce qu'elle signifie : c'est comme dans un rêve ; même incohérence apparente... Encore une autre image :
Sans doute un roi celtique : Jean devine qu'il s'agit là d'une des incarnation de Laroche ; mon Dieu ! Serait-ce lui qu'il aurait décapité ? Oui, c'est bien ça : il le reconnaît maintenant.
L'expérience s'arrête là.
De retour au présent Blanche et Jean font part de leur déception à Mr Dujardin : " Cela n'a servi à rien : l'énigme n'est pas résolue ; on ne sait toujours pas pourquoi Jean et Laroche ont le même ADN, récrimine Blanche.
_ Encore une fois je ne peux que vous répéter ce que je vous ai déjà dit la dernière fois : la solution est dans le présent pas dans un hypothétique passé, soupire le chronovisionneur.
_ Hypothétique ? Demande Jean, est-ce à dire que ça n'a rien de réel ?
_ Bah ! Dans le Multivers il existe une multitude de passés probables de même qu'il existe une multitude d'avenirs tout aussi probables : faites votre choix, votre marché ; prenez ce qui vous convient... " Le sexagénaire trahit une certaine lassitude ; les deux amis comprennent qu'il est temps de partir.
Quelques jours plus tard coup de tonnerre dans la vie de Jean. La mère de Laroche a révélé qu'il était un fils adultérin fruit d'une aventure d'une nuit et que son père biologique n'est autre que Michel Latour qui n'est autre que le père légitime de Jean Latour. Philippe Laroche et Jean Latour sont frères ! Dujardin avait encore une fois raison : la solution se trouvait dans le présent. Le soir de cette journée riche en émotions Jean, au moment de s'endormir, entend une voix lui dire : " frère de sang depuis 5 000 ans ", il comprend que le lien karmique qui le lie avec Philippe remonte à 5 000 ans et qu'il n'est plus vraiment intéressant de connaître ce qui s'est passé 3 000 av. J-C. car le karma a été liquidé. Puis Jean et Blanche finiront par se perdre de vue car le karma qui les liait encore, là aussi, est caduque.
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